Mieux mobiliser la biomasse : le grand défi français !

La biomasse, autrement dit les végétaux d’origine agricole ou forestière, est aujourd’hui l’une des sources d’énergie les plus compétitives pour produire de l’énergie en France. Si les ressources françaises sont immenses, elles pourraient largement mieux être mobilisées.

Dans le cadre de sa politique de réduction de sa dépendance aux énergies fossiles et de lutte contre le changement climatique, la France s’est fixé des objectifs très ambitieux dans le cadre des lois du Grenelle de l’environnement. Parmi ces objectifs, celui de développer les énergies nouvelles fait largement appel à la mobilisation des ressources de la biomasse. A l’horizon 2020, la France souhaite que la biomasse concoure à 40 % de l’ensemble des énergies nouvelles. Qu’appelle-t-on la biomasse ? En fait, la biomasse est le nom générique qui recouvre tous les végétaux d’origine agricole ou forestière. En France, les ressources de la biomasse reposent essentiellement sur la forêt. Il s’agit notamment du bois et des végétaux agricoles, mais aussi des déchets de l’activité agricole et des industries agroalimentaires, des déchets de bois de l’industrie du bois (scierie, ameublement, construction…) et de l’activité économique en général (palettes), déchets verts. Dans une moindre mesure, la biomasse française est aussi composée des végétaux d’origine aquatique et marine.
Si les ressources pour atteindre l’objectif du Grenelle de l’environnement sont belles et bien disponibles en France, les mobiliser à la hauteur de 40 % de l’ensemble des énergies nouvelles est un grand défi ! En effet, selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe), « l’atteinte des objectifs du Grenelle Environnement nécessite la mobilisation de 10,7 millions de Tonne Equivalent Pétrole/an de biomasse supplémentaires ». Une grande partie du gisement additionnel nécessaire se trouve en forêt (95%), sous forme de feuillus (85%) et en domaine privé (77%). « Déjà dans les conditions technico-économiques actuelles, 3,9 millions de TEP de biomasse forestière pourraient être mobilisées par an de manière économiquement rentable. »

La moitié des ressources inexploitées
Selon l’Ademe. « Un peu plus de la moitié de la production annuelle de bois de l’ensemble des forêts françaises est aujourd’hui récoltée ». Pourquoi n’exploite-t-on pas la moitié restante ? En fait selon l’Ademe, plusieurs facteurs expliquent cela. Certaines zones sont aujourd’hui peu ou pas exploitées en raison de contraintes techniques (forêt peu accessible), et de contraintes économiques (manque d’infrastructures). L’autre grand souci tient au fait qu’une large part du domaine forestier appartient à de nombreux propriétaires privés. « Si 81 % d’entre eux sont convaincus de la nécessité d’entretenir et renouveler leur parcelle de forêt, seuls 34 % réinvestissent vraiment dans leur bois ». La contrainte majeure qui pèse sur la biomasse est donc bien là. Quelles pourraient être les solutions pour potentialiser ce gisement naturellement riche en France ? L’Ademe estime que différentes mesures peuvent être envisagées parmi lesquelles la lutte contre le morcellement de la propriété forestière en favorisant les regroupements de parcelles. A l’image du dispositif du « droit de préférence » mis en place par l’Estonie, qui permet à un propriétaire forestier d’être prioritaire à l’acquisition d’une parcelle voisine, la France a adopté en 2010 dans le cadre de la Loi de Modernisation Agricole un dispositif similaire pour les parcelles inférieures à 4 hectares.

L’amélioration de la concertation entre acteurs de la filière est également en question. « En Autriche, par exemple, les propriétaires forestiers doivent adhérer systématiquement à des associations qui leur apportent des conseils juridiques, fiscaux, économiques et qui peuvent également planifier des opérations de récolte, d’éclaircies, d’entretien, de reboisement dans leur forêt, ainsi que la logistique des approvisionnements en bois de leurs clients ».

Une autre action souhaitable selon l’Ademe, serait « de promouvoir plus fortement l’utilisation de bois dans la construction et se coordonner avec les opérateurs pour mobiliser les déchets bois issus de cette activité ».

Pour en savoir plus : http://ademe.typepad.fr/files/cp_ademe_mobilisation_biomasse_090212.pdf

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